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diqué poursuivit-il, en prenant la « Théologie Séraphique » de saint Bonaventure, car il condense en une sorte d’of meat des modes d’études pour se scruter, pour méditer sur la communion, pour sonder la mort ; puis il y a, dans ce selectæ, un traité sur le « Mépris du monde » dont les phrases comprimées sont admirables ; c’est de la véritable essence de Saint-Esprit et c’est aussi une gelée d’onction vraiment ferme. Mettons-le à part, celui-là.

Je ne trouverai pas, pour remédier aux probables détresses des solitudes, de meilleur adjuvant, murmurait Durtal, tout en bousculant de nouvelles rangées de volumes. Il regardait des titres : « La vie de la Sainte Vierge », par M. Olier.

Il hésitait, se disant : il y a pourtant sous l’eau à peine dégourdie du style d’intéressantes observations, de savoureuses gloses ; M. Olier a, en quelque sorte, traversé les mystérieux territoires des desseins cachés et il y a relevé ces inimaginables vérités que parfois le Seigneur se plaît à révéler aux Saints. Il s’est constitué l’homme lige de la Vierge, et, vivant près d’elle, il s’est fait aussi le héraut de ses attributs, le légat de ses grâces. Sa vie de Marie est, à coup sûr, la seule qui paraisse réellement inspirée, qui se puisse lire. Là où l’abbesse d’Agréda divague, lui demeure rigoureux et reste clair. Il nous montre la Vierge existant de toute éternité en Dieu, engendrant sans cesser d’être immaculée « comme le cristal qui reçoit et renvoie hors de lui les rayons du soleil, sans rien perdre de son lustre et qui n’en brille, au contraire, qu’avec plus d’éclat », accouchant sans douleurs, mais souffrant, à la mort de