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lectures, il recommença ses courses dans les églises. Et si les trappistes ne veulent pas de moi ? se disait-il, que deviendrai-je ?

— Mais puisque je vous affirme qu’ils vous accueilleront, répliquait l’abbé qu’il allait voir. Il ne fut tranquille que le jour où le prêtre lui tendit la réponse de la Trappe.

Il lut :

« Nous recevrons très volontiers, pour huit jours, à notre hôtellerie, le retraitant que vous voulez bien nous recommander ; je ne vois, pour le moment, aucun empêchement à ce que cette retraite commence mardi prochain. »

« Dans l’espoir, monsieur l’abbé, que nous aurons également bientôt le plaisir de vous revoir dans notre solitude, je vous prie d’agréer l’assurance de mes sentiments les plus respectueux. »

« F. M. Etienne,
« hôtelier. »

Il la lut et la relut, enchanté et terrifié à la fois. Il n’y a plus à douter, c’est irrévocable, fit-il. Et il s’en fut en hâte à Saint-Séverin, ayant moins, peut-être, le besoin de prier que de se rendre près de la vierge, de se montrer à elle, de lui faire une sorte de visite de remerciement, de lui exprimer, rien que par sa présence, sa gratitude.

Et il fut pris par le charme de cette église, par son silence, par l’ombre qui tombait dans l’abside, du haut de ses palmiers de pierre, et il finit par s’anonchalir, par s’acagnarder sur une chaise, par n’avoir plus qu’un désir, celui de ne pas rentrer dans la vie de la rue, de ne pas sortir de son refuge, de ne plus bouger.