Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

économies des gogos qui les avaient acquises par de probables larcins, du reste !

— Enfin, reprit l’abbé, j’insiste sur cette dernière recommandation : ne vous découragez point, si vous sombrez. Ne vous méprisez pas trop ; ayez le courage d’entrer dans une église, après ; car c’est par la lâcheté que le démon vous tient ; la fausse honte, la fausse humilité qu’il vous insinue, ce sont elles qui nourrissent, qui conservent, qui solidifient, en quelque sorte, votre luxure.

Allons, sans adieu ; revenez bientôt me voir.

Durtal se retrouva, un peu ahuri, dans la rue. Il est évident, murmura-t-il, en marchant à grands pas, que l’abbé Gévresin est un habile horloger d’âme. Il m’a dextrement dévissé le mouvement de mes passions et fait sonner mes heures de lassitude et d’ennui ; mais, en somme, tous ses conseils se réduisent à celui-ci : cuisez dans votre jus et attendez.

Au fait, il a raison, si j’étais à point, je ne serais pas allé chez lui pour bavarder, mais bien pour me confesser ; ce qui est étrange, c’est qu’il ne semble pas du tout croire que c’est lui qui me passera à la lessive ; et à qui veut-il donc que je m’adresse ? Au premier venu qui me dévidera sa bobine de lieux communs, qui me frottera, avec de grosses mains, sans y voir clair.

Tout ça… tout ça… voyons, quelle heure est-il ? Il regarda sa montre : six heures ; je n’ai pas envie de rentrer chez moi, qu’est-ce que je vais faire jusqu’au dîner ?

Il était près de Saint-Sulpice. Il fut s’y asseoir afin de mettre un peu d’ordre dans ses idées ; il s’installa dans