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Le repas fut silencieux. Norine gémissait, le nez dans son assiette, le vieux, gêné par le mutisme de Jacques et de Louise qui demeuraient préoccupés et tristes, disait seulement : Allons, encore un coup, mon homme, en remplissant les verres et il vidait le sien, en faisant claquer ses lèvres qu’il torchait d’un revers de main.

— Nous ne pouvons nous attarder davantage, déclara Louise ; j’ai encore des affaires à ranger au château et l’heure du train approche.

— T’emporteras ben un lapin, pour voir ?

Ils eurent beau se défendre, il fallut en passer par là. La tante Norine étrangla une de ses bêtes et l’apporta, toute chaude, roulée dans de la paille.

— Tant que Louise va faire ses quatre tours, nous aurons le temps de prendre un verre de cognac, puis que nous attellerons, dit l’oncle.

Ils trinquèrent encore et Jacques, supplié, s’engagea sans l’intention du reste de tenir sa promesse, à écrire au vieux, dès qu’il serait de retour dans la capitale.

Enfin le père Antoine tira la carriole d’une grange, enfila son bourriquet dans les brancards et ils arrivèrent, en clopinant, au château de Lourps.

— J’ai monté le chat en haut dans une chambre ; je lui ai laissé le jupon pour qu’il n’ait pas froid