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bites noyées de sang étaient affreuses ! Il pantelait devant cette créature, splendide alors qu’elle demeurait intacte, effroyable dès que ses yeux décollés fuyaient. L’horreur de cette beauté constamment interrompue et qui avoisinait la plus épouvantable des laideurs, avec ses godets de pourpre et ses lèvres qui, sans dévier d’un pli, devenaient, dès que l’équilibre de la face se perdait, hideuses, était sans nom. Alors, Jacques eût voulu s’échapper, mais aussitôt que les prunelles rayonnaient en place, il voulait se jeter sur cette femme, l’emporter, la sauver des invisibles mains qui la suppliciaient, et il restait là, hagard, tandis que la femme montait, montait, soutenue par ce cric qui s’enfonçait dans sa hanche, et la becquetait plus profondément à mesure qu’elle s’élevait.

Elle finit par atteindre le haut du mur et apparut, ruisselante, à l’air, au-dessus des toits, dans la nuit, montrant ainsi qu’une noyée son flanc crevé par des fers de gaffe.

Jacques ferma les yeux ; des râles de détresse, des sanglots de compassion, des cris de pitié l’étouffaient ; une terreur intense lui glaçait les moelles, lui cassait les jambes.

Il regarda, malgré lui, faillit s’inanimer, s’ébouler à la renverse.

La femme était maintenant assise sur le rebord