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Le père Antoine parut, rasé de frais, coiffé d’une casquette à triple dôme, Norine, presque débarbouillée, les cheveux enveloppés dans une marmotte à grands carreaux noirs.

— Je t’emmène à Jutigny, mon neveu, dit l’oncle ; c’est le jour où qu’on va chez Parisot faire la partie et prendre un verre.

— Mais, je ne joue pas.

— Que ça fait, tu nous regarderas !… Tout de même, c’est pas de refus, dit-il à Louise qui lui offrait du cognac.

— Et amusez-vous ! cria la tante Norine, après qu’on eut trinqué ; les deux hommes se levèrent et partirent.

— Parisot, c’est un garçon qu’a de l’aisance, racontait, en chemin, l’oncle Antoine ; puis, que son auberge vaut de l’argent ; et il désignait une grande bâtisse à un étage, assise sur la route de Longueville à Bray, au commencement du village.

Ils pénétrèrent par une porte au-dessus de laquelle se balançait une branche de pin dans un indescriptible brouhaha. On eût dit que tous ces paysans qui riaient, tassés, les uns contre les autres, se disputaient et allaient en venir aux mains. On acclama le père Antoine et quelques-uns se reculèrent pour lui faire place ainsi qu’à Jacques.

— Qu’est-ce qu’on vous sert ? demanda Parisot,