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— Eh zut ! s’exclama Jacques ennuyé par cette leçon et un peu vexé de sa maladresse sur laquelle la vieille appuyait, en goguenardant. Il remonta dans sa chambre, la table était mise.

— Ah çà, il y a encore du veau !

— Que veux-tu que je fasse ? je ne puis pourtant pas tout jeter ! — Et Louise lui révéla les procédés de la bouchère ; on lui commandait une livre de viande et elle en envoyait trois, déclarant que c’était à prendre ou à laisser, attendu qu’elle aurait sans cela un débit trop restreint pour tuer et écouler ses bêtes ; et dire que, faute d’une autre boucherie, il importait d’accepter, sous peine de famine, ces conditions !

— De sorte que nous sommes obligés d’avaler, pendant plusieurs jours, la même viande ou de nous en débarrasser, ce que nous faisons, en somme. Dis donc, mais ça finit par coûter cher, ces gabegies-là !

Et il s’emporta lorsqu’il apprit que la bourse était presque vide.

Ils commençaient à échanger des mots aigres quand un bruit de voix retentit dans l’escalier. Alors, ils se turent ; elle, desservant la table, lui, songeant aux nouvelles tentatives que son ami avait dû faire à Paris, afin d’obtenir l’escompte de ses billets.