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les chats autour d’une assiettée de foie pas frais.

Et elle déclara que l’odeur de cette poudre lui tournait le cœur.

— Va prendre l’air, ça te remettra, et n’oublie pas nos emplettes. Bonsoir ; tiens, voilà le facteur. Est-ce que vous avez une lettre ?

— Je compte pas, j’ai un journal ; et l’homme s’assit, déposa son chapeau de paille par terre, planta sa canne droite entre ses jambes, se retira du dos une sacoche et tendit à Jacques un journal, tout en regardant avec attention le veau qui restait dans le plat.

Il paraissait encore plus ivre que de coutume.

Jacques lui offrit un verre de vin.

Il l’éleva pour souhaiter bonne santé à tous, et se le jeta d’un seul coup dans la gorge.

— C’est bon, mais ça creuse, dit-il, en regardant toujours fixement le plat.

Louise l’invita à se mettre à table ; alors il s’approcha, tira son couteau, trancha un bloc de pain, l’ouvrit, enfourna dans la mie un morceau de viande et avec un bruit de mastication affreux, engloutit et la miche et le veau.

Il suça la lame de son couteau, avant de le refermer, et, clignant son œil qui semblait le soupirail par lequel passaient les flammes couvant sous sa peau cuite :