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d’idées, aux idées privées de forme, des Esseintes demeurait non moins circonspect et non moins froid. Les labyrinthes psychologiques de Stendhal, les détours analytiques de Duranty le séduisaient, mais leur langue administrative, incolore, aride, leur prose en location, tout au plus bonne pour l’ignoble industrie du théâtre, le repoussait. Puis les intéressants travaux de leurs astucieux démontages s’exerçaient, pour tout dire, sur des cervelles agitées par des passions qui ne l’émouvaient plus. Il se souciait peu des affections générales, des associations d’idées communes, maintenant que la rétention de son esprit s’exagérait et qu’il n’admettait plus que les sensations superfines et que les tourmentes catholiques et sensuelles.

Afin de jouir d’une œuvre qui joignît, suivant ses vœux, à un style incisif, une analyse pénétrante et féline, il lui fallait arriver au maître de l’Induction, à ce profond et étrange Edgar Poë, pour lequel, depuis le temps qu’il le relisait, sa dilection n’avait pu déchoir.

Plus que tout autre, celui-là peut-être répondait par d’intimes affinités aux postulations méditatives de des Esseintes.

Si Baudelaire avait déchiffré dans les hiéroglyphes de l’âme le retour d’âge des sentiments et des idées, lui avait, dans la voie de la psychologie morbide, plus particulièrement scruté le domaine de la volonté.

En littérature, il avait, le premier, sous ce titre emblématique : « Le démon de la Perversité », épié ces