Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que leurs parents leur en ont expressément interdit l’approche.

En effet, s’il ne comportait point un sacrilège, le sadisme n’aurait pas de raison d’être ; d’autre part, le sacrilège qui découle de l’existence même d’une religion, ne peut être intentionnellement et pertinemment accompli que par un croyant, car l’homme n’éprouverait aucune allégresse à profaner une foi qui lui serait ou indifférente ou inconnue.

La force du sadisme, l’attrait qu’il présente, gît donc tout entier dans la jouissance prohibée de transférer à Satan les hommages et les prières qu’on doit à Dieu ; il gît donc dans l’inobservance des préceptes catholiques qu’on suit même à rebours, en commettant, afin de bafouer plus gravement le Christ, les péchés qu’il a le plus expressément maudits : la pollution du culte et l’orgie charnelle.

Au fond, ce cas, auquel le marquis de Sade a légué son nom, était aussi vieux que l’Église ; il avait sévi dans le xviiie siècle, ramenant, pour ne pas remonter plus haut, par un simple phénomène d’atavisme, les pratiques impies du sabbat au moyen âge.

À avoir seulement consulté le Malleus maleficarum, ce terrible code de Jacob Sprenger, qui permit à l’Église d’exterminer, par les flammes, des milliers de nécromans et de sorciers, des Esseintes reconnaissait, dans le sabbat, toutes les pratiques obscènes et tous les blasphèmes du sadisme. En sus des scènes immondes