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de l’hymnaire aurait pu trouver place dans le compartiment réservé de ce chapitre.

Pas plus qu’en 1884, je ne raffole présentement du latin classique du Maro et du Pois chiche ; comme au temps d’À Rebours, je préfère la langue de la Vulgate à la langue du siècle d’Auguste, voire même à celle de la Décadence, plus curieuse pourtant, avec son fumet de sauvagine et ses teintes persillées de venaison. L’Église qui, après l’avoir désinfectée et rajeunie, a créé, pour aborder un ordre d’idées inexprimées jusqu’alors, des vocables grandiloques et des diminutifs de tendresse exquis, me semble donc s’être façonné un langage fort supérieur au dialecte du Paganisme, et Durtal pense encore, à ce sujet, tel que des Esseintes.

Le chapitre des pierreries, je l’ai repris dans La Cathédrale en m’en occupant alors au point de vue de la symbolique des gemmes. J’ai animé les pierreries mortes d’À Rebours. Sans doute, je ne nie pas qu’une belle émeraude puisse être admirée pour les étincelles qui grésillent dans le feu de son eau verte, mais n’est-elle point, si l’on ignore l’idiome des symboles, une inconnue, une étrangère avec laquelle on ne peut s’entretenir et qui se tait, elle-même, parce que l’on ne comprend pas ses locutions ? Or, elle est plus et mieux que cela.

Sans admettre avec un vieil auteur du xvie siècle, Estienne de Clave, que les pierreries s’engendrent, ainsi que des personnes naturelles, d’une semence éparse dans la matrice du sol, l’on peut très bien dire qu’elles sont des minéraux significatifs, de substances loquaces, qu’elles sont, en un mot, des symboles. Elles ont été envisagées sous cet aspect depuis la plus haute antiquité et la tropologie des gemmes est une des branches de cette symbolique chrétienne si parfaitement oubliée par les prêtres et les laïques de notre temps et que