Page:Huysmans, La Sorcellerie en Poitou, 1897.pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Blanchet, bachelier ès-lois, Guillaume Groyguet et Robert de la Rivière, licenciés in utroque jure, Hervé Lévi, sénéchal de Quimper, Pierre de l’Hospital, chancelier de Bretagne, qui doit présider, après le jugement canonique, les débats civils, assiste Jean de Malestroit.

Le Promoteur, qui faisait alors office de ministère public, fut Guillaume Chapeiron, curé de Saint-Nicolas, homme éloquent et retors ; on lui adjoignit, pour alléger la fatigue des lectures, Geoffroy Piprain, doyen de Sainte-Marie, et Jacques de Pentcoetdic, Official de l’église de Nantes.

Enfin, à côté de la juridiction épiscopale, l’Église avait institué, pour la répression du crime d’hérésie, qui comprenait alors le parjure, le blasphème, le sacrilège, tous les forfaits de la magie, le tribunal extraordinaire de l’Inquisition.

Il siégea, aux côtés de Jean de Malestroit, en la redoutable et docte personne de Jean Blouyn, de l’Ordre de Saint-Dominique, délégué par le grand inquisiteur de France, Guillaume Mérici, aux fonctions de Vice-Inquisiteur de la ville et du diocèse de Nantes.

Le Tribunal constitué, le procès s’ouvre dès le matin, car juges et témoins doivent être, selon l’usage du temps, à jeun. On y entend le récit des parents des victimes, et Robin Guillaumet, faisant fonction d’huissier, celui-là même qui s’est emparé du Maréchal à Machecoul, donne lecture de l’assignation faite à Gilles de Rais de paraître. Il est amené et déclare dédaigneusement qu’il n’accepte pas la compétence du Tribunal ; mais, ainsi que le veut la procédure canonique, le Promoteur rejette aussitôt, « pour ce que par ce moyen la correction du maléfice ne soit empêchée », le déclinatoire comme étant nul en droit et « frivole » et il obtient du Tribunal qu’on passe outre. Il commence à lire à l’inculpé les chefs de l’accusation portée contre lui ; Gilles crie que le Promoteur est menteur et traître. Alors Guillaume Chapeiron étend le bras vers le Christ, jure qu’il dit la vérité et invite le Maréchal à prêter le même serment. Mais cet homme, qui n’a reculé devant aucun sacrilège, se trouble, refuse de se parjurer devant Dieu, et la séance se lève dans le brouhaha des outrages que Gilles vocifère contre le Promoteur.

Ces préambules terminés, quelques jours après, les débats publics commencent. L’acte d’accusation dressé en forme de réquisitoire, est lu, tout haut, devant l’accusé, devant le peuple qui tremble, alors que Chapeiron énumère, un à un, patiemment les crimes, accuse formellement le Maréchal d’avoir occis des petits enfants, d’avoir pratiqué les opérations de la sorcellerie et de la