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TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.

taille est aisée par les roues tranchantes des lapidaires, ou de la manière qu’on scie le marbre, mais le poli est très difficile et, en employant les moyens ordinaires, on dépolit bien plutôt les surfaces qu’on ne les rend luisantes.

Après plusieurs essais, j’ai enfin trouvé qu’il ne faut point de plaque de métal pour cet usage, mais une pièce de glace de miroir rendue mate et dépolie. Là-dessus, avec du sablon fin et de l’eau, l’on adoucit peu à peu ce cristal, de même que les verres de lunettes, et on le polit en continuant seulement le travail, et en diminuant toujours la matière. Je n’ai su pourtant le rendre d’une clarté et transparence parfaites ; mais l’égalité, qu’acquièrent les surfaces, fait que l’on y observe mieux les effets de la réfraction, que dans celles qui se sont faites en fendant la pierre, qui ont toujours quelque inégalité.

Lors même que la surface n’est que médiocrement adoucie, si on la frotte avec un peu d’huile, ou de blanc d’œuf, elle devient fort transparente, en sorte que la réfraction s’y découvre fort distinctement. Et cette aide est surtout nécessaire, lorsqu’on veut polir les surfaces naturelles, pour en ôter les inégalités, parce qu’on ne saurait les rendre luisantes à l’égal de celles des autres sections, qui prennent d’autant mieux le poli qu’elles sont moins approchantes de ces plans naturels.

Devant que de finir le traité de ce cristal, j’ajouterai encore un phénomène merveilleux, que j’ai découvert après avoir écrit tout ce que dessus. Car bien que je n’en aie pas pu trouver jusqu’ici la cause, je ne veux pas laisser pour cela de l’indiquer,