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transformation des formes organiques.

nous connaissons à peine la faune des régions les plus riches de l’Asie et de l’Amérique.

Quelle est, dans tous ces traits distinctifs, la part qu’il faut faire à l’action des milieux cosmiques ? Elle doit être énorme et semble n’être subordonnée qu’à une seule condition : la durée. Cependant, même pour les temps historiques, et tout particulièrement pour les trois derniers siècles, de nombreux observateurs ont témoigné des profondes modifications déterminées sur les espèces importées en Amérique à la suite de la conquête du quinzième siècle. L’une des plus curieuses serait celle de la transformation du cochon domestique, qui, au rapport du père Labat et de M. Roulin, se serait, à l’état sauvage, singulièrement rapproché du sanglier dans les îles du golfe du Mexique et en Colombie. « Ces deux observateurs, dit M. de Quatrefages, s’accordent à dire que dans les deux localités, la tête plus grosse s’est élargie et relevée par le haut, que les oreilles se sont redressées, les défenses allongées. En même temps, la couleur est devenue uniforme. Par tous ces caractères, les cochons marrons se sont rapprochés du sanglier ; mais, dans les deux contrées dont il s’agit, le pelage s’est montré entièrement noir, caractère qu’on ne rencontre nulle part dans l’espèce sauvage. Bien plus, dans les Parancos, à une hauteur de 2,500 mètres, M. Roulin a vu les cochons libres se couvrir d’un poil épais, crépu, et d’une sorte de laine… Ces cochons ont donc