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INTRODUCTION.

siques et métaphysiques sur le vrai, et n’ont d’autre souci que la culture abstraite d’une branche de savoir ; sous peine de mourir faute de sève, il faut qu’elle entre dans le cours de la circulation générale ; et je dirai plus, il faut qu’elle anime de son souffle et qu’elle donne des méthodes à tout ce qui, pour l’esprit humain, est actuellement matière à démonstration ou à foi. Il faut donc que dans la mesure où elle le juge possible, elle pénètre avec les cosmogonies dans toutes les questions qui étaient autrefois l’apanage incontesté des poètes et des théologiens.

La difficulté qui arrête bien des esprits tient à une scrupuleuse mais illusoire bonne foi. Nous sommes dans le fini, et notre solution est à l’infini ; nous ne pouvons concevoir que dans le temps et dans l’espace, et nous sentons que notre origine est au delà de toute étendue appréciable. En sorte que nous ne pouvons que monter de sommets en sommets, découvrant des horizons toujours nouveaux, sans jamais avoir l’espérance d’arriver à une hauteur suprême. Tout au contraire, à mesure que nous montons et que notre horizon s’étend, ce qui est à nos pieds perd la netteté et la lumière, se trouble et s’obscurcit, et cependant, livrés à la contemplation des images lointaines, nous négligeons ce qui nous entoure et nous presse de toutes parts.

La bonne foi tient à ce qu’en réalité ne pouvant nous rendre un compte vérifiable que des impressions