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rapports anatomiques

la molaire postérieure de la mâchoire inférieure est encore plus large et plus complexe que chez le gorille.

Si nous passons des singes de l’ancien monde à ceux du nouveau, nous rencontrons une modification d’une importance plus considérable qu’aucune de celles-ci. Dans un genre tel que celui des cebiens, par exemple, on trouvera que tandis que sur quelques points secondaires, tels que la projection des canines et le diastème, la ressemblance avec le grand singe persiste, sur d’autres points plus importants la dentition est extrêmement différente. Au lieu de vingt dents de lait on en trouve vingt-quatre ; au lieu de trente-deux dents permanentes on en compte trente-six, et le nombre des fausses molaires est accru de huit à douze. Quant à la forme, les couronnes des molaires sont très-différentes de celles du gorille et encore plus du type humain.

D’un autre côté, les marmousets nous montrent le même nombre de dents que l’homme et le gorille ; malgré cela, leur dentition est très-différente, puisqu’ils ont quatre fois plus de fausses molaires que les autres singes américains : mais comme ils ont aussi quatre fois moins de vraies molaires, le chiffre total reste le même que chez l’homme. Si maintenant nous arrivons aux Lémuriens, nous trouvons que la dentition devient encore plus profondément et essentiellement différente de celle du gorille. Les incisives commencent à varier en nombre et en forme, les molaires acquièrent de plus en plus le caractère des insectivores, et dans un genre, l’aye-aye (Cheiromiens), les canines disparaissent et les dents simulent complètement celles d’un rongeur (fig.27).

Toutes ces considérations rendent donc nos conclusions évidentes : quelques différences que puisse offrir la dentition du singe le plus élevé, comparée à celle de l’homme, ces différences sont bien moins étendues que celles que l’on