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de l’homme et des animaux.

deux internes. Les fausses molaires ont deux cuspides, une interne et une externe, celle-ci étant la plus élevée.

Sous tous ces rapports la dentition du gorille peut être décrite dans les mêmes termes que celle de l’homme, mais, à d’autres égards, elle montre plusieurs différences importantes (fig. 27). Ainsi les dents humaines forment une série constante et régulière sans aucune interruption et sans aucune saillie notable de l’une de ses dents au-dessus du niveau commun (fig. 27, A) ; Cuvier a depuis longtemps signalé cette particularité, que n’offre aucun autre mammifère, sauf l’espèce depuis longtemps éteinte à laquelle on a donné le nom d’anoplotherium créature aussi différente de l’homme que l’on peut l’imaginer[1].

Les dents du gorille, au contraire, montrent une interruption ou intervalle appelé diastème, dans les deux mâchoires : à la mâchoire supérieure, au-devant de la canine ou entre celle-ci et l’incisive latérale ; (B, i) à la mâchoire inférieure après la canine ou entre la canine et la première fausse molaire. Dans cet intervalle, à chaque mâchoire, se place la canine de la mâchoire opposée, le volume de la canine chez le gorille étant tel qu’elle se projette comme une défense de sanglier, de beaucoup au delà du niveau des autres dents. De plus, les racines des fausses molaires du gorille sont plus complexes que celles de l’homme, et le volume proportionnel des grosses molaires est différent[2]. La

  1. Espèce de tapir tertiaire trouvé dans les gypses de Montmartre. (Trad.)
  2. En général, selon Pruner-bey, la seconde molaire surpasse la première en volume chez les singes ; chez l’homme, la première molaire est plus volumineuse que la seconde. Chez les singes, la dernière molaire est généralement plus grosse que la seconde, en sorte que le volume des molaires, et même des fausses molaires, irait croissant, tandis qu’il irait à peu près en diminuant chez l’homme. Mais quelques observations récentes, faites sur des crânes d’Australiens (juillet 1867) par M. Pruner-bey lui-même, le portent à mettre en doute la constance du volume relatif des molaires chez l’homme. Quant à