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histoire naturelle

le sol. Il dort sur les arbres et se bâtit des abris contre la pluie. Il se nourrit des fruits qu’il trouve dans les bois et de noix, car il ne mange aucune espèce de chair. Il ne parle pas et n’a pas plus d’intelligence qu’une bête. Les habitants de cette contrée, quand ils voyagent dans les bois, allument des feux là où ils dorment la nuit et le matin. Lorsqu’ils sont partis, les pongos viennent s’asseoir autour du feu jusqu’à ce qu’il s’éteigne, car ils n’auraient pas l’intelligence d’en rapprocher les tisons. Ils vont de compagnie et tuent souvent les nègres qui voyagent dans les bois. Quelquefois ils tombent sur les éléphants qui viennent chercher leur nourriture auprès du lieu où ils sont réunis ; ils les battent à coups de poings, et les frappent avec des pièces de bois, de sorte que ceux-ci s’enfuient en mugissant. Les pongos ne sont jamais pris vivants, car ils sont si vigoureux, que dix hommes ne peuvent en maintenir un seul, mais on prend souvent des jeunes en tuant leurs mères avec des flèches empoisonnées.

« Le jeune pongo se suspend au sein de sa mère, ses mains serrées autour d’elle, de sorte que lorsque les gens du pays tuant une femelle, ils s’emparent du petit toujours appendu à sa mère.

« Quand l’un meurt parmi eux ils couvrent le mort de grands tas de branches et de bois que l’on trouve facilement dans la forêt[1]. »

  1. Note marginale de Purchas, p. 982 : « Le pongo, singe géant. Battell me dit, dans une conversation, que l’un de ces pongos prit un de ses petits nègres, qui passa un mois avec eux ; car ils ne font aucun mal à ceux qu’ils surprennent à l’improviste quand ceux-ci ne les regardent pas, ce que le nègre avait évité. Il raconta que leur hauteur était celle d’un homme, mais qu’ils avaient à peu près deux fois son volume. J’ai vu ce jeune nègre. Ce que l’autre monstre devait être, il a oublié de le dire ; ces manuscrits n’ont été en ma possession que depuis sa mort ; car autrement, dans nos fréquentes conversations, je l’eusse appris.