Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
sur le Luxe.

l’ambition, de l’étude, ou de la conversation, & qui y borne toute sa dépense, sans égard pour sa famille & ses amis, n’a qu’une grossiere stupidité, incompatible avec la vigueur de l’ame & de l’esprit, & il découvre un cœur incapable d’humanité & de bienfaisance ; mais celui dont la fortune est suffisante pour allier ses devoirs à la délicatesse de la table, & qui ne s’y livre que lorsque les affaires, l’étude & la société lui en donnent le loisir, ne peut mériter aucune espece de blâme ou de reproche.

Puisque le luxe peut être considéré sous deux faces différentes, il n’est pas étonnant qu’il ait donné lien à des opinions outrées & déraisonnables. Les uns, conduits par des principes dissolus, louent le luxe le plus déréglé, & le soutiennent avantageux à la société, tandis que d’autres, d’une morale sévere, blâment le luxe le plus innocent, & le représentent comme la source de toute espece de corruption, & l’origine des désordres & des factions propres à troubler le gouvernement. Nous tâcherons de rapprocher ces deux extrémités en prouvant,