Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 7, 1788.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
Essai

pas préparé avec soin, n’y produit que des récoltes très-médiocres, & le fermier a besoin de plusieurs années de jouissance pour retirer quelque profit des grandes avances qu’il est obligé de faire. Il faut donc que les fermiers aient, en Angleterre, de gros fonds à eux, & que les propriétaires leur passent de longs baux, sans quoi leurs profits ne seroient jamais proportionnés à leurs dépenses. Les vignobles fameux de Champagne & de Bourgogne, qui rendent souvent aux propriétaires cinq livres sterlings par acre, sont cultivés par de misérables paysans qui ont à peine du pain. Il est impossible que les vignerons puissent jamais être riches, parce qu’ils n’ont besoin que de leurs bras & de quelques outils qu’ils peuvent acheter avec vingt schelings. Les laboureurs sont, à la vérité, dans ces mêmes pays, moins pauvres que les vignerons, par la même raison les herbagers & ceux qui engraissent le bétail y sont plus à l’aise que les autres cultivateurs. Les hommes doivent avoir des profits proportionnés à la dépense qu’exigent leurs entreprises, & aux hasards auxquels