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sur le Commerce.

lisent, la partie la plus nombreuse de la société soit employée à la culture de la terre[1], le tems & l’expérience perfectionnent l’agriculture, au point que les productions de la terre peuvent être assez abondantes pour nourrir un plus grand nombre d’hommes qu’il n’y en a d’employés à sa culture, & aux manufactures d’absolue nécessité.

Si les bras inutiles à la culture des terres & aux manufactures d’absolue nécessité sont employés aux arts qu’on appelle de luxe, leur travail augmente le bonheur de l’état, parce qu’on est redevable à leur industrie des nouvelles commodités, & des recherches également utiles & agréables, dont on au-

  1. M. Melon, dans son Essai politique sur le Commerce, assure que des vingt millions d’habitans dont la France est peuplée, il y en a seize de laboureurs & de paysans, deux d’artisans, un d’ecclésiastiques, de militaires, & de gens de loi, & un de marchands, de financiers, & de bourgeois. Ce calcul est évidemment faux ; en France, en Angleterre, & dans la plus grande partie des états de l’Europe, la moitié du peuple vit dans les villes, & il s’en faut beaucoup que tous les habitans de la campagne soient cultivateurs. Les artisans en forment peut-être plus du tiers.