Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
Essais

les ambassadeurs.[1] Ces deux traits de générosité & de savoir-vivre partoient du même principe.

La galanterie ne s’accorde pas moins avec la sagesse & avec la prudence qu’avec la nature & avec la générosité, & lorsqu’elle se renferme dans de justes bornes, elle contribue, plus que toute autre chose, à former la jeunesse des deux sexes. Dans tous les Végétaux on remarque une liaison constante entre la fleur & le germe : & dans le regne animal la nature a voulu que l’amour fit le plaisir le plus doux des individus de l’une & de l’autre espece. Mais la jouissance corporelle n’est pas la seule que l’on doive rechercher : il n’y a pas jusqu’aux bêtes brutes qui ne jouent & folâtrent, & ces expressions de leurs tendres folies font leur plus grand plaisir. On ne sauroit nier qui l’esprit ne doive avoir beaucoup de part aux divertissemens des êtres raisonnables ; & si l’on retranche de l’amour le sel de la raison, de

  1. Relation de trois Ambassades, par la comte de Carlile.