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Moraux et Politiques

clémence des saisons. Les arts qui nourrissent le luxe, & à plus forte raison les arts libéraux, qui suppose une delicatesse de sentiment, se perdent aisément : peu de personnes ont assez de loisir, de fortune & de génie pour les goûter : au-lieu que les découvertes, dont l’utilité est générale, se fait sentir dans la vie commune, ne sauroient gueres périr que dans la ruine totale de la société, ou par ces inondations de barbares qui détruisent jusqu’au souvenir de la politesse & des arts. L’imitation est une autre ressource pour les arts grossiers & utiles ; elle les transporte de climat en climat, & leur fait faire plus de chemin qu’aux beaux arts, quoique peut-être ceux-ci soient nés & se soient répandus les premiers. De ces causes résultent les monarchies civilisées, qui s’approprient les arts relatifs au gouvernement, inventés dans les républiques, & qui se conservent pour l’avantage & la sûreté réciproques du souverain & du sujet.

Quelque parfaite donc que puisse paroître à de certains politiques la forme des monarchies, elle doit toute sa perfection à la forme