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Moraux et Politiques

Il ne faut que jeter un coup d’œil sur la surface de globe pour voir qu’il n’y a aucune des quatre parties du monde qui soit autant coupée par des lacs, des rivières & des montagnes que l’Europe, & que de toutes les contrées de l’Europe il n’y en a aucune qui le soit autant que la Grèce. De-là vient que ces régions sont séparées en plusieurs états, & la nature elle-même semble avoir fait cette séparation. Aussi la Grece a-t elle été le berceau des sciences, & l’Europe leur domicile le plus constant.

J’ai souvent été porté à croire que les interruptions des périodes savans, si elles n’en|traînoient

    dans un pays si peuplé. On peut donc dire que l’épée est toujours entre les mains du peuple, ce qui borne assez le pouvoir du monarque, pour l’obliger à precrire, aux mandarins ou aux gouverneurs des provinces, des loix générales, propres à prévenir ces rebellions qui ont été très-fréquentes, & toujours extrêmement dangereuses dans cet empire. Une monarchie de cette espece, pourvu qu’elle fût en état de se défendre contre les ennemis de dehors, seroit peut-être le meilleur de tous les gouvernemens : on y jouiroit de toute la tranquillité que le pouvoir souverain procure ; & l’on y trouveroit, en même tems, la modération & la liberté des républiques.