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Moraux et Politiques

la flatterie, qui est le plus stérile de tous les sujets. Cela n’empêche point que pour l’ordinaire leur style ne soit sublime & brillant ; que seroit-ce s’il étoit employé dans un sujet plus riche & plus intéressant ?

Il y a, je l’avoue, dans le tempérament & dans le caractère de notre nation, des qualités préjudiciables aux progrès de l’éloquence, & qui rendent les tentatives de cette nature plus difficiles & plus dangereuses chez nous que partout ailleurs. Les Anglois sont recommandables par leur bon sens, & ce bon sens inspire de l’ombrage contre tout ce qui sent l’illusion : ils ne veulent point se laisser éblouir par des fleurs de rhétorique, & par les charmes de la diction. Les Anglois sont encore fort modestes ; & ils craindroient de paroître trop présomptueux, s’ils osoient proposer autre chose que des raisons aux assemblées publiques, s’ils vouloient surprendre les suffrages en remuant les passions, ou en échauffant l’imagination de leurs auditeurs. Me permettra-t-on d’ajouter que généralement parlant, ils n’ont pas le goût fort dé-