Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
Moraux et Politiques

tions & des répliques dont il est obligé de faire usage ? Le plus grand génie, l’orateur le plus éloquent qui après s’être appliqué pendant un mois à la jurisprudence, s’aviseroit de plaider devant le chancelier, ne gagneroit que de se faire tourner en ridicule.

Si je tombe d’accord que le fatras embrouillé de nos loix est propre à décourager les auteurs modernes, ce n’est pas que j’y trouve la vraie raison de la chûte de l’éloquence. Que l’art oratoire soit proscrit de la salle de Westminster, je le veux ; mais qu’est ce qui l’empêcheroit de paroître dans les deux chambres du parlement ?

Les aréopagites d’Athenes avoient, par une loi expresse, défendu de faire usage des attraits de l’éloquence ; aussi ne trouvons-nous pas, dans les harangues grecques, qui sont dans la forme judiciaire, cette rhétorique hardie qui brille dans les plaidoyers romains. Mais à quelle grandeur les Athéniens ne s’éleverent-ils pas dans le genre délibératif, dans ce genre qui embrasse les affaires d’état, la liberté, le bonheur, & la