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Essais

que celui qui avoit tort, se décontenanceroit, & se laisseroit aller à des emportemens».

À qui des deux nous en rapporterons-nous ? Ni aux uns ni aux autres, à moins que nous n’ayons envie de prendre parti parmi eux, & d’imiter leur zele. Sans offenser aucun des deux partis, je crois pouvoir rendre raison de la différence de leur conduite. Le parti que nous appellons National est celui du peuple, ou peu s’en faut ; & l’a été sous presque tous les Ministres. Etant donc accoutumé de triompher dans la plupart des compagnies, il ne peut souffrir de voir ses opinions contestées : se sentant fort de la faveur de public, il croit ses sentimens aussi infaillibles que s’ils étoient démontrés à la rigueur. Les partisans de la cour, au contraire, sont ordinairement si fort accablés par les déclamations tumultueuses des orateurs de la multitude, que pour peu que vous leur parliez mpdérément, ou que vous défériez à leurs avis, ils croiront vous devoir beaucoup de reconnoissance, & feront disposés à vous rendre poli-