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de Morale.

t-il. Ce seroit une absurdité que faire des questions au-delà ; il est impossible qu’il y ait une progression jusqu’à l’infini, qu’une chose soit toujours la raison qui en fait désirer une autre. Il faut qu’il y ait des choses desirables pour l’amour d’elles-mêmes, & par la conformité immédiate qu’elles ont avec les sentimens & les affections des hommes.

Comme la vertu est une derniere fin, & comme elle est desirable pour l’amour d’elle-même, sans vue même de récompense, & uniquement pour la satisfaction immédiate qu’elle donne, il faut qu’il y ait en nous quelque sentiment qu’elle excite, il faut qu’il y ait un sens, un tact ou un goût intérieur, quelque nom qu’on lui donne, qui distingue le bien & le mal moral, & qui embrasse l’un & rejette l’autre.

Ainsi l’on voit qu’il est aisé de marquer les bornes & les fonctions de la raison & du goût. La raison nous donne la connoissance du vrai & du faux ; le goût nous donne le sentiment de ce qui est beau & de ce qui est difforme, de la vertu & de vice. L’une