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de Morale.

médite sur des triangles ou sur des cercles, considere les rapports connus des parties proportionnelles de ces figures, & de là il en infere quelque rapport inconnu qui dépend des premiers ; mais dans les délibérations morales nous sommes obligés de connoître d’avance les objets & les relations qu’ils ont entre eux. Ce n’est que sur la comparaison de toutes ces choses que nous faisons un choix, & que nous fixons notre approbation. Il ne s’agit point d’assurer un nouveau fait, de découvrir un nouveau rapport ; on suppose que nous avons déjà tout sous les yeux, avant de nous mettre en état de porter aucun jugement ou de blâme ou d’approbation. Si nous ignorons encore quelque circonstance essentielle, ou si nous n’avons à ce sujet qu’une présomption légère, nous devons commencer par nous en assurer. C’est à cette recherche qu’il faut appliquer les forces de notre esprit, & suspendre pour un tems tout sentiment ou toute décision morale. Tant que nous ne savons pas si un homme a été l’agresseur, comment pouvons-nous décider si celui qui l’a tué est criminel