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Essais

Lorsque vous me dites que deux & trois sont égaux à la moitié de dix. Je conçois parfaitement ce rapport d’égalité. Je comprends que si dix étoient partagés en deux nombres égaux, ou dont l’un auroit autant d’unités que l’autre, & si l’un de ces nombres étoit comparé deux joints à trois, il contiendroit autant d’unités que le nombre composé : mais si vous tirez de-là une comparaison que vous appliquiez aux relations morales, j’avoue que je ne pourrai plus vous entendre. Une action morale, un crime tel que l’ingratitude, est un objet compliqué ; la morale consiste-t-elle dans la relation mutuelle de ses parties ? Comment par quelle raison cela arrive-t-il ? Déterminez cette relation, développez d’avantage votre raisonnement, & vous en sentirez la fausseté.

Vous insistez & vous dites : le moral de nos actions est fondé sur leur rapport avec la regle du juste, & on les appelle bonnes ou mauvaises, suivant qu’elles sont conformes ou contraires à cette regle. Qu’est-ce que l’on entend par cette regle ? En quoi