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Histoire naturelle.

dités monstrueuses que d’abord on y croyoit appercevoir. On conçoit sans difficulté que le même pouvoir ou le même principe quelconque, dont le monde visible, dont les hommes & les animaux tirent leur origine, peut avoir produit des créatures intelligentes, d’une essence plus pure, & d’une autorité plus étendue : il n’en coûte pas d’avantage de se représenter ces intelligences comme capricieuses, vindicatives, passionnées & sensuelles : eh, ne voyons-nous pas, par ce qui se passe chez nous, que ces vices sont le fruit le plus ordinaire du pouvoir absolu, dégénéré en licence ? Le systême de la mythologie n’a rien que de fort naturel ; & il est plus que probable que dans cette infinie variété de planetes & de mondes qui composent le tout, il soit quelque part mis en exécution.

L’objection la plus forte que l’on puisse faire à ceux qui croiroient que notre planete fût le théatre de ce systême, c’est que ce sentiment n’a pour lui ni la raison, ni aucune tradition authentique. Les vieilles traditions que les prêtres & les théologiens de paganisme