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De l’Histoire naturelle.

cet être tout-parfait sera-t-il encore le fils de Saturne, le mari de Junon, le taureau d’Europe, le cygne de Leda : Retrancherons-nous toutes ces imperfections ? Ce n’est plus Jupiter ; c’est toute autre chose substituée à sa place. Nous avons donc reconnu que Jupiter n’est qu’une chimere : nous l’avons anéanti, & au lieu de lui nous adorons le vrai Dieu. Or c’est ici le théïsme de la raison ; & non celui de la flatterie.

Rien de plus foible que les preuves de M. Hume. L’exemple du servile courtisan, qui divinise le monarque, vient ici tout-à-fait hors de propos. Le monarque érigé en dieu subalterne demeureroit le même individu personnel, qu’il étoit avant son apothéose. Alexandre, fils de Jupiter Ammon, est encore le vainqueur de Darius, le meurtrier de Clitus, l’incendiaire qui brûla Persépolis. L’alliage des superstitions avec le théisme, prouve que, le théïsme peut se détériorer, mais il ne prouve absolument point que le théïsme dérive de la source que M. Hume a imaginée.

Je n’ai que deux mots à dire sur le pa-