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De La Religion.

-on qu’il y ait plus d’agrément à observer les quatre carêmes des Moscovites, ou à imiter la vie austere de quelques catholiques romains, qu’à avoir un esprit doux & bien-faisant ? Pour peu qu’on ait acquis l’habitude des vertus, elles deviennent autant de plaisirs ; au lieu que la superstition est toujours odieuse & incommode.

Essayons de donner une solution plus satisfaisante. Ce que nous faisons comme amis, ou comme peres, nous paroît des devoirs dont nous nous acquittons envers nos bienfaiteurs & nos enfans ; nous ne pourrions y manquer sans desserrer les nœuds du sang, & sans transgresser les loix naturelles : nous les remplirons par inclination : un sentiment d’ordre & de beauté morale nous y fait trouver de nouveaux plaisirs : l’homme vertueux fait le bien sans peine & sans effort : les vertus mêmes qui sont plus austeres, & qui demandent plus de réflexions, le dévouement à la patrie, l’obéissance filiale, la tempérance, l’intégrité, ces vertus, dis-je, nous paroissent autant d’obligations, qui ne peuvent nous procurer aucun mérite religieux ;