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De La Religion.

gieux, & qui est l’effet de la frayeur même dont nous venons de parler ; il paroit qu’il en doive naître une théologie toute opposée. La Divinité fera ornée de toutes les vertus, de toutes les qualités excellentes : & quelque loin que l’on pousse l’hyperbole, on ne croira jamais en avoir assez dit ; ses perfections paroîtront encore bien au-dessus des éloges qu’on leur donne. De-là résultent des panégyriques sans fin, & l’on ne prend pas la peine d’examiner s’ils s’accordent avec la raison ou avec les phénomenes ; on s’y croit suffisamment autorisé par là même qu’ils tendent à exalter la gloire du divin objet de notre culte.

Ici donc il y a une espece de contradiction entre les deux principes de la nature humaine sur lesquels la religion est fondée. Nos terreurs naturelles nous font voir une divinité méchante & pour ainsi dire diabolique ; notre penchant à louer nous la peint excellente & toute-parfaite. Chacun de ces principes a plus ou moins d’influence sur nous, selon les dispositions des esprits.

Il n’est pas surprenant que des peuples