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De La Religion.

universellement reçues : de-là il passe à ces contes frivoles que tout le monde tournoit en ridicule : des dieux il descend aux déesses, des déesses aux nymphes, des nymphes aux faunes & aux satyres : Carnéade son maître avoit usé de la même méthode[1].

Enfin voici les deux différences les plus frappantes qu’il y ait entre une religion traditionnelle ou mythologique & une religion systématique ou scholastique. D’abord la premiere est souvent plus raisonnable que la seconde : elle n’est, pour ainsi dire, qu’un recueil d’événemens, peu fondés il est vrai, mais qui pourtant n’impliquent pas des contradictions formelles & dont on puisse démontrer l’absurdité. Ensuite la religion traditionnelle ne pese pas si-fort à l’esprit humain : & quoique généralement reçue, elle n’excite pas des passions si violentes, ni ne fait de si fortes impressions sur l’entendement.


XIII.

La religion primitive du genre humain

  1. Sextus Empir. adv. Mathem. L. VIII.