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Histoire naturelle.

qu’on la regarde de près, qu’on l’examine piece après piece : on n’a jamais pu l’assujettir à des dogmes & à des principes constans. Ces considérations, à la vérité, n’étoient pas en état de détromper la multitude, parce que la multitude n’est pas raisonnable ; cependant elles la faisoient vaciller & hésiter dans la foi ; elles pouvoient même conduire certains esprits à des pratiques & à des sentimens, qui avoient tout l’air de l’irréligion la plus décidée.

Ajoutons que les fables du paganisme étoient gaies, riantes, faciles à’comprendre & à retenir : il n’y entra ni diables, ni lacs de souffre, ni rien qui pût effrayer l’imagination. Qui pourroit s’empêcher de sourire au récit des amours de Mars & de Vénus, ou en pensant aux tendres gaillardises de Jupiter & de Pan ? C’étoit véritablement, à ces égards, une religion poétique, peut-être même étoit-elle au-dessous de la grande poésie : les poëtes modernes en ont fait usage ; mais jamais assurément ils ne parlent avec plus de liberté & d’irrévérence de ces dieux, qu’ils regardent comme des êtres fabuleux