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Histoire naturelle.

Nonobstant la sainteté de notre religion ; dit l’orateur romain, rien n’est plus commun parmi nous que le sacrilége ; a-t on jamais entendu, qu’un Egyptien ait violé le temple d’un chat, d’un ibis, ou d’un crocodile[1] ? Il n’y a point de tourment, dit-il ailleurs qu’un habitant de l’Egypte ne subît plutôt que de faire la moindre injure à un ibis, à un aspic, à un chat, à un chien, ou à un crocodile[2]. Dryden a donc bien eu raison de dire :

Que leur Dieu soit construit ou de pierre ou de bois,
En esclaves soumis ils rampent sous ses loix :
Avec le même zele ils prennent sa défense
Que si l’or le plus pur composoit son essence[3].


Que dis-je ? plus les matériaux, dont l’objet de leur culte est formé, sont vils, plus leur

  1. De natura Deorum, lib. I.
  2. Tusc. Quæst. lib. V.
  3. Voici les vers de Dryden, tels qu’ils sont dans l’original.

    «Os what sod’r descent their Godiread be,

    Stock, stone, or other homely pedigree :

    In his defence his servants are as bold,

    As if he had been born of bearengold.»

    ABSALOM and ACHITOPHEL.