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les applaudissements que tu donnes à d’insipides avocassiers à la recherche d’un portefeuille, te caressant à l’heure du triomphe, t’abandonnant à l’heure du danger, la naïveté avec laquelle tu tombes dans tous les pièges me mettent en péril et te déshonorent.

J’ai rêvé l’émancipation du prolétaire et voilà que les favoris de la fortune se sont assis au banquet de la République.

J’ai rêvé la famille rayonnante et voilà que le deuil et la misère sont entrés sous le toit du travailleur.

J’ai rêvé la loyauté politique et voilà que des monarchistes, sous le nom d’amis de l’ordre, se sont déguisés en républicains.

Peuple, tu as marché vers la lumière sans te soucier des obstacles ; dès le premier jour tu as appelé à toi la liberté, l’égalité, la fraternité, comme si la réaction avait cessé de te disputer la victoire ; dès le premier jour, tu as cru possible l’alliance avec toi des divers partis monarchistes.

En vain, l’expérience de 1848 s’est-elle