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Ces deux empires inspiraient à l’Europe, l’un une profonde terreur, l’autre une profonde défiance.

Par la Turquie, c’était l’esprit de l’Asie qui se répandait sur l’Europe ; par l’Espagne, c’était l’esprit de l’Afrique.

L’islamisme, sous Mahomet II, avait enjambé formidablement l’antique passage du bœuf, Bos-Poros, et avait insolemment planté sa queue de cheval attachée à une pique dans la ville qui a sept collines comme Rome, et qui avait eu des églises quand Rome n’avait encore que des temples.

Depuis cette fatale année 1453, la Turquie, comme nous l’avons dit plus haut, avait représenté en Europe la barbarie. En effet, tout ce qu’elle touchait perdait en peu d’années la forme de la civilisation. Avec les turcs, et en même temps qu’eux, l’incendie inextinguible et la peste perpétuelle s’étaient installés à Constantinople. Sur cette ville, qu’avait dominée si longtemps la croix lumineuse de Constantin, il y avait toujours maintenant un tourbillon de flamme ou un drapeau noir.

Un de ces hasards mystérieux où l’esprit croit voir lisiblement écrits les enseignements directs de la providence avait donné, comme proie à ce redoutable peuple, la métropole même de la sociabilité humaine, la patrie de la pensée, la terre de la poésie, de la philosophie et de l’art, la Grèce. À l’instant même, au seul contact des turcs, la Grèce, fille de l’Égypte et mère de l’Italie, la Grèce était devenue barbare. Je ne sais quelle lèpre avait défiguré son peuple, son sol, ses monuments, jusqu’à son admirable idiome. Une foule de consonnes farouches et de syllabes