Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Traces de l’assaut. — Quel oiseau passait son bec par le trou qui est au bas de la porte. — La salle de justice. — De quoi elle est meublée aujourd’hui. — La chambre de la torture. — La grosse poutre. — Les trois trous. — Affreux détails. — Une particularité du château de Chillon. — L’auteur démontre que les petits oiseaux n’ont pas la moindre idée de l’invention de l’artillerie. — Ludlow et Bonnivard confrontés. — Lausanne. — Ce que Paris a de plus que Vévey. — Le mauvais goût calviniste. — Lausanne enlaidie par les embellisseurs. — L’hôtel de ville. — Le château des baillis. — La cathédrale. — Vandalisme. — Quelques tombeaux. — Le chevalier de Granson. — Pourquoi les mains coupées. — M. de Rebecque. — Lausanne à vol d’oiseau. — Paysage. — Orage de nuit qui s’annonce. — Retour à Paris.


Vévey, 21 septembre.
A M. LOUIS B.

Je vous écris cette lettre, cher Louis, à peu près au hasard, ne sachant pas où elle vous trouvera, ni même si elle vous trouvera. Où êtes-vous en ce moment ? que faites-vous ? Êtes-vous à Paris ? êtes-vous en Normandie ? Avez-vous l’œil fixé sur les toiles que votre pensée fait rayonner, ou visitez-vous comme moi la galerie de peinture du bon Dieu ? Je ne sais ce que vous faites ; mais je pense à vous, je vous écris, et je vous aime.

Je voyage en ce moment comme l’hirondelle. Je vais devant moi, cherchant le beau temps. Où je vois un coin du ciel bleu, j’accours. Les nuages, les pluies, la bise, l’hiver, viennent derrière moi comme des ennemis qui me poursuivent, et recouvrent les pauvres pays à mesure que je les quitte. Il pleut maintenant à verse sur Strasbourg, que je visitais il y a quinze jours ; sur Zurich, où j’étais la semaine passée ; sur Berne, où j’ai passé hier. Moi, je suis à Vévey, jolie petite ville, blanche, propre, anglaise, confortable, chauffée par les pentes méridionales du mont Chardonne comme par des poêles, et abritée par les Alpes comme par un paravent. J’ai devant moi un ciel d’été, le soleil, des coteaux couverts de vignes mûres, et cette ma-