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LETTRE XXXVIII


LA CATARACTE DU RHIN


Écrit sur place. — Arrivée. — Le château de Laufen. — La cataracte. — Aspect. — Détails. — Causerie du guide. — L’enfant. — Les stations. — D’où l’on voit le mieux. — L’auteur s’adosse au rocher. — Un décor. — Une signature et un paraphe. — Le jour baisse. — L’auteur passe le Rhin. — Le Rhin, le Rhône. — La cataracte en cinq parties. — Le forçat.


Laufen, septembre.

Mon ami, que vous dire ? Je viens de voir cette chose inouïe. Je n’en suis qu’à quelques pas. J’en entends le bruit. Je vous écris sans savoir ce qui tombe de ma pensée. Les idées et les images s’y entassent pêle-mêle, s’y précipitent, s’y heurtent, s’y brisent, et s’en vont en fumée, en écume, en rumeur, en nuée. J’ai en moi comme un bouillonnement immense. Il me semble que j’ai la chute du Rhin dans le cerveau.

J’écris au hasard, comme cela vient. Vous comprendrez si vous pouvez.

On arrive à Laufen. C’est un château du treizième siècle, d’une fort belle masse et d’un fort beau style. Il y a à la porte deux guivres dorées, la gueule ouverte. Elles aboient. On dirait que ce sont elles qui font le bruit mystérieux qu’on entend.

On entre.

On est dans la cour du château. Ce n’est plus un château,