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anses de panier en Normandie ; mais, pour voir le panier tout entier, il faut venir à Bâle. Près de ce roulage, j’ai visité l’ancienne maison des armuriers, bel édifice du seizième siècle, avec des peintures en plein air sur la devanture, dans lesquelles Vénus et la Vierge sont fort accortement mêlées.

L’hôtel de ville est du même temps. La façade, surmontée d’un homme d’armes empanaché qui porte l’écu de la ville, serait belle si elle n’était badigeonnée (en rouge toujours !), et, qui plus est, ornée d’affreux personnages peints accoudés à un balcon figuré qui est dans le style gothique de 1810. La cour intérieure a subi le même tatouage. Le grand escalier aboutit à deux statues : l’une, qui est en bas, est un fort beau guerrier de la renaissance qui a la prétention de représenter le consul romain Munatius Plancus ; l’autre, qui est en haut, au coin de l’imposte d’une porte surbaissée, est un valet de ville qui tient une lettre à la main ; il est peint, vêtu mi-parti de noir et de blanc, qui est le blason de la ville, et la lettre, bien pliée, a un cachet rouge. Ce valet de ville gothique a surnagé sur toutes les révolutions de l’Europe. Je l’avais rencontré le matin même près de l’hôtel des Trois-Rois, allant par la ville, bien portant et bien vivant, précédé de son homme d’armes portant une épée, ce qui faisait beaucoup rire quelques commis marchands, lesquels lisaient le Constitutionnel à la porte d’un estaminet.

Une fraîche servante est sortie tout à coup de la porte surbaissée ; elle m’a adressé quelques paroles en allemand, et, comme je ne la comprenais pas, je l’ai suivie. Bien m’en a pris. La bonne fille m’a introduit dans une chambre où il y a un escalier à vis des plus exquis, puis dans une salle toute en chêne poli, avec de beaux vitraux aux croisées et une superbe porte de la renaissance à la place où nous mettons d’ordinaire la cheminée ; ici, comme en Alsace, comme en Allemagne, il n’y a pas de cheminées, il y a des poêles. Voyant toutes ces merveilles, j’ai donné à la gracieuse fille une belle pièce d’argent de France qui l’a fait sourire.

Sur l’escalier de cet hôtel de ville il y a une curieuse fresque du Jugement dernier, qui est du seizième siècle.