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trois lancettes du chevet, l’écusson de Charles VII et la belle flèche des Suppliciés debout sur l’abside.

De Reims à Rethel, rien. — La Champagne pouilleuse, à laquelle juillet vient de couper ses cheveux d’or ; de grandes plaines jaunes et nues, immenses et molles vagues de terre au sommet desquelles frissonnent, comme une écume végétale, quelques broussailles misérables ; de temps en temps, au fond du paysage, un moulin qui tourne lentement et comme accablé par le soleil de midi ; ou, au bord de la route, un potier qui fait sécher sur des planches, au seuil de sa chaumière, quelques douzaines de pots à fleurs ébauchés.

Rethel se répand gracieusement du haut d’une colline jusque sur l’Aisne, dont les bras coupent la ville en deux ou trois endroits. Du reste, il n’y a plus rien là qui annonce l’ancienne résidence princière d’un des sept comtes-pairs de la Champagne. Les rues sont des rues de gros bourg plutôt que des rues de ville. L’église est d’un profil médiocre.

De Rethel à Mézières, la route gravit ces vastes gradins par lesquels le plateau de l’Argonne se rattache au plan supérieur de Rocroy. Les grands toits d’ardoise, les façades blanchies à la chaux, les parements de bois qui défendent contre les pluies le côté nord des maisons, donnent au village un aspect particulier. De temps en temps les premières croupes des monts Faucilles, qui apparaissent au sud-est, relèvent la ligne de l’horizon. Du reste, peu ou point de forêts. À peine voit-on çà et là dans le lointain quelques collines chevelues. Le déboisement, ce fils bâtard de la civilisation, a fort tristement dévasté la vieille bauge du Sanglier des Ardennes.

Je cherchais des yeux en arrivant à Mézières quelques anciennes tours à demi ruinées du château saxon de Hellebarde ; je n’y ai trouvé que les zigzags froids et durs d’une citadelle de Vauban. En revanche, en regardant dans les fossés, j’ai aperçu, à différents endroits, des restes assez beaux, quoique démantelés, de la muraille attaquée par Charles-Quint et défendue par Bayard. L’église de Mézières a une réputation de vitraux. J’ai profité, pour la visiter, de la demi-heure que la malle-poste accorde aux