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charbons ardents, brûlait au bas de la maison. Un jeune acacia, appuyé à un treillage embrasé, s’est obstiné à ne pas prendre feu et est resté intact pendant quatre heures, secouant sa jolie tête verte sous une pluie d’étincelles.

Ajoutez à cela quelques blondes et pâles anglaises demi-nues sous l’averse à côté de leurs valises à quelques pas de l’auberge, et tous les enfants du lieu riant aux éclats et battant des mains chaque fois qu’un jet de pompe se dispersait jusqu’à eux, et vous aurez une idée assez complète de l’incendie de l’hôtel P — , à Lorch.

Une maison qui brille, ce n’est qu’une maison qui brûle ; mais le côté vraiment triste de la chose, c’est qu’un pauvre homme y a été tué.

Vers quatre heures du matin, on était ce qu’on appelle maître du feu ; le gasthaus P — , toit, plafonds, escaliers et planchers effondrés, flambait entre ses quatre murs, et nous avions réussi à sauver notre auberge.

Alors, et presque sans entr’acte, l’eau a succédé au feu. Une nuée de servantes, brossant, frottant, épongeant, essuyant, a envahi les chambres, et en moins d’une heure la maison a été lavée du haut en bas.

Chose remarquable, rien n’a été dérobé. Tous ces effets déménagés en hâte, sous la pluie, au milieu de la nuit, ont été religieusement rapportés par les très pauvres paysans de Lorch.

Au reste, ces accidents ne sont pas rares sur les bords du Rhin. Toute maison de bois contient un incendie, et ici les maisons de bois abondent. À Saint-Goar seulement, il y a en ce moment, à différentes places de la ville, quatre ou cinq masures faites par des incendies.

Le lendemain matin, je remarquais avec quelque surprise au rez-de-chaussée de la maison incendiée deux ou trois chambres fermées, parfaitement entières, au-dessus desquelles tout cet embrasement avait fait rage sans y rien déranger. Voici à ce propos une historiette qu’on raconte dans le pays. Je ne la garantis pas. — Il y a quelques années, un anglais arriva assez tard à une auberge de Braubach, soupa et coucha. Dans le milieu de la nuit, l’auberge prend feu. On entre en hâte dans la chambre de l’anglais. Il dormait. On le réveille. On lui explique la chose, et que le