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signe de souveraineté, dans la Pfalz, tour bâtie devant Caub au milieu même du Rhin.

En même temps, au milieu de ces développements simultanés ou successifs des princes-électeurs, les ordres de chevalerie prennent position sur Rhin. L’ordre Teutonique s’installe à Mayence, en vue du Taunus, tandis que, près de Trêves, en vue des Sept-Montagnes, les chevaliers de Rhodes s’établissent à Martinshof. De Mayence l’ordre Teutonique se ramifie jusqu’à Coblentz, où une de ses commanderies prend pied. Les templiers, déjà maîtres de Courgenay et de Porentruy dans l’évêché de Bâle, avaient Boppart et Saint-Goar au bord du Rhin, et Trarbach entre le Rhin et la Moselle. C’est ce même Trarbach, le pays des vins exquis, le Thronus Bacchi des romains, qui appartint plus tard à ce Pierre Flotte, que le pape Boniface appelait borgne de corps et aveugle d’esprit.

Tandis que les princes, les évêques et les chevaliers faisaient leurs fondations, le commerce faisait ses colonies. Une foule de petites villes marchandes germèrent à l’imitation de Coblentz sur la Moselle et de Mayence devant le Mein, au confluent de toutes les rivières et de tous les torrents que versent dans le Rhin les innombrables vallées du Hündsruck, du Hohenruck, des crêtes de Hammerstein et des Sept-Montagnes. Bingen se posa sur la Nahe ; Niederlahnstein, sur la Lahn ; Engers, vis-à-vis la Sayn ; Irrlich, sur la Wied ; Linz, en face de l’Aar ; Rheindorf, sur les Mahrbachs ; et Berghein, sur la Sieg.

Cependant, dans tous les intervalles qui séparaient les princes ecclésiastiques et les princes féodaux, les commanderies des chevaliers-moines et les bailliages des communes, l’esprit des temps et la nature des lieux avaient fait croître une singulière race de seigneurs. Du lac de Constance aux Sept-Montagnes, chaque crête du Rhin avait son burg et son burgrave. Ces formidables barons du Rhin, produits robustes d’une nature âpre et farouche, nichés dans les basaltes et les bruyères, crénelés dans leur trou et servis à genoux par leurs officiers comme l’empereur, hommes de proie tenant tout ensemble de l’aigle et du hibou, puissants seulement autour d’eux, mais tout-puissants autour d eux, maîtrisaient le ravin et la vallée, levaient des soldats,