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de Cologne, puisque la flèche manque au clocher, la nef et le transept à l’église.

Dans ce chœur les richesses abondent. Ce sont des sacristies pleines de boiseries délicates ; des chapelles pleines de sculptures sévères ; des tableaux de toutes les époques, des tombeaux de toutes les formes ; des évêques (le granit couchés dans une forteresse, des évêques de pierre de touche couchés sur un lit porté par une procession de figurines éplorées, des évêques de marbre couchés sous un treillis de fer, des évêques de bronze couchés à terre, des évêques de bois agenouillés devant des autels ; des lieutenants généraux du temps de Louis XVI accoudés sur leurs sépulcres ; des chevaliers du temps des croisades gisant avec leur chien qui se frotte amoureusement contre leurs pieds d’acier ; des statues d’apôtres vêtues de robes d’or ; des confessionnaux de chêne à colonnes torses ; de nobles stalles canonicales ; des fonts baptismaux gothiques qui ont la forme d’un cercueil ; des retables d’autel chargés de statuettes ; de beaux fragments de vitraux ; des annonciations du quinzième siècle sur un fond d’or avec les riches ailes multicolores en dessus, blanches en dessous, de leur ange qui regarde et convoite presque la Vierge ; des tapisseries peintes sur des dessins de Rubens ; des grilles de fer qu’on croirait de Metzis-Quentin, des armoires à volets peintes et dorées qu’on croirait de Franc-Floris.

Tout cela, il faut le dire, est honteusement délabré. Si quelqu’un construit la cathédrale de Cologne au dehors, je ne sais qui la démolit à l’intérieur. Pas un tombeau dont les figurines ne soient arrachées ou tronquées ; pas une grille qui ne soit rouillée où elle a été dorée. La poussière, la cendre et l’ordure sont partout. Les mouches déshonorent la face vénérable de l’archevêque Philippe de Heinsberg.- L’homme d’airain qui est couché sur la dalle, qui s’appelle Conrad de Hochstetten et qui a pu bâtir cette cathédrale, ne peut aujourd’hui écraser les araignées qui le tiennent lié à terre comme Gulliver sous leurs innombrables fils. Hélas ! les bras de bronze ne valent pas les bras de chair.

Je crois bien qu’une statue barbue de vieillard couché que j’ai aperçue dans un coin obscur, brisée et mutilée,