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Scène IV


HERNANI, DOÑA SOL.
Hernani considère avec un regard froid et comme inattentif l’écrin nuptial placé sur la table ; puis il hoche la tête, et ses yeux s’allument.
Hernani.

Je vous fais compliment ! Plus que je ne puis dire
La parure me charme et m’enchante, et j’admire !

Il s’approche de l’écrin.
La bague est de bon goût, — la couronne me plaît, —

Le collier est d’un beau travail, — le bracelet
Est rare, — mais cent fois, cent fois moins que la femme
Qui sous un front si pur cache ce cœur infâme !

Examinant de nouveau le coffret.
Et qu’avez-vous donné pour tout cela ? — Fort bien !

Un peu de votre amour ? mais, vraiment, c’est pour rien !
Grand Dieu ! trahir ainsi ! n’avoir pas honte, et vivre !

Examinant l’écrin.
Mais peut-être après tout c’est perle fausse et cuivre

Au lieu de l’or, verre et plomb, diamants déloyaux,
Faux saphirs, faux bijoux, faux brillants, faux joyaux !
Ah ! s’il en est ainsi, comme cette parure,
Ton cœur est faux, duchesse, et tu n’es que dorure !

Il revient au coffret.
— Mais non, non. Tout est vrai, tout est bon, tout est beau

Il n’oserait tromper, lui, qui touche au tombeau.
Rien n’y manque.

Il prend l’une après l’autre toutes les pièces de l’écrin.
Rien n’y manque ! Colliers, brillants, pendants d’oreille,