Page:Hugo Hernani 1889.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
ACTE II — LE BANDIT.

Je reste, et resterai tant que tu le voudras.
Oublions-les : restons. —

Il l’assied sur un banc.
Oublions-les : restons. —Sieds-toi sur cette pierre.
Il se place à ses pieds.
Des flammes de tes yeux inonde ma paupière,

Chante-moi quelque chant comme parfois le soir
Tu m’en chantais, avec des pleurs dans ton œil noir.
Soyons heureux ! buvons, car la coupe est remplie,
Car cette heure est à nous et le reste est folie.
Parle-moi, ravis-moi. N’est-ce pas qu’il est doux
D’aimer et de sentir qu’on vous aime à genoux ?
D’être deux ? d’être seuls ? et que c’est douce chose
De se parler d’amour la nuit quand tout repose ?
Oh ! laisse-moi dormir et rêver sur ton sein,
Doña Sol ! mon amour ! ma beauté !

Bruit de cloches au loin.
Doña Sol, se levant effarée.

Doña Sol ! mon amour ! ma beauté ! Le tocsin !
Entends-tu ? le tocsin !

Hernani, toujours à genoux.

Entends-tu ? le tocsin ! Eh non ! c’est notre noce
Qu’on sonne.

Le bruit de cloches augmente. Cris confus, flambeaux et lumières aux fenêtres, dans les rues, sur les toits.
Doña Sol.

Qu’on sonne.Lève-toi ! fuis ! Grand Dieu ! Saragosse
S’allume !

Hernani, se soulevant à demi.

S’allume ! Nous aurons une noce aux flambeaux.

Doña Sol.

C’est la noce des morts ! La noce des tombeaux !

Bruit d’épées. Cris.