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ACTE I. — LE ROI.

Hernani.

Ne pensons plus au duc.Ah ! Pensons-y, madame !
Ce vieillard ! Il vous aime, il va vous épouser !
Quoi donc ! Vous prit-il pas l’autre jour un baiser ?
N’y plus penser !

Doña Sol, riant.

N’y plus penser !C’est là ce qui vous désespère !
Un baiser d’oncle ! Au front ! Presque un baiser de père !

Hernani.

Non, un baiser d’amant, de mari, de jaloux.
Ah ! Vous serez à lui, madame ! Y pensez-vous ?
Ô l’insensé vieillard, qui, la tête inclinée,
Pour achever sa route et finir sa journée,
A besoin d’une femme, et va, spectre glacé,
Prendre une jeune fille ! ô vieillard insensé !
Pendant que d’une main il s’attache à la vôtre,
Ne voit-il pas la mort qui l’épouse de l’autre ?
Il vient dans nos amours se jeter sans frayeur !
Vieillard, va-t’en donner mesure au fossoyeur !
— Qui fait ce mariage ? On vous force, j’espère !

Doña Sol.

Le roi, dit-on, le veut.

Hernani.

Le roi, dit-on, le veut.Le roi ! Le roi ! Mon père
Est mort sur l’échafaud, condamné par le sien.
Or, quoiqu’on ait vieilli depuis ce fait ancien,
Pour l’ombre du feu roi, pour son fils, pour sa veuve,
Pour tous les siens, ma haine est encor toute neuve !
Lui, mort, ne compte plus. Et tout enfant, je fis
Le serment de venger mon père sur son fils.
Je te cherchais partout, Carlos, roi des Castilles !