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Don Ricardo.

Le vieux, soixante au moins.

Don Carlos.

Le vieux, soixante au moins.L’un n’a pas encor l’âge,
Et l’autre ne l’a plus. Tant pis. J’en prendrai soin.
Le bourreau peut compter sur mon aide au besoin.
Ah ! loin que mon épée aux factions soit douce,
Je la lui prêterai si sa hache s’émousse,
Comte, et pour l’élargir, je coudrai, s’il le faut,
Ma pourpre impériale au drap de l’échafaud.
— Mais serai-je empereur seulement ?

Don Ricardo.

— Mais serai-je empereur seulement ? Le collége,
À cette heure assemblé, délibère.

Don Carlos.

À cette heure assemblé, délibère.Que sais-je ?
Ils nommeront François premier, ou leur Saxon,
Leur Frédéric le Sage ! — Ah ! Luther a raison,
Tout va mal ! — Beaux faiseurs de majestés sacrées !
N’acceptant pour raisons que les raisons dorées !
Un Saxon hérétique ! un comte palatin
Imbécile ! un primat de Trèves libertin !
— Quant au roi de Bohême, il est pour moi. — Des princes
De Hesse, plus petits encor que leurs provinces !
De jeunes idiots ! des vieillards débauchés !
Des couronnes, fort bien ! mais des têtes ? cherchez !
Des nains ! que je pourrais, concile ridicule,
Dans ma peau de lion emporter comme Hercule !
Et qui, démaillotés du manteau violet,
Auraient la tête encor de moins que Triboulet !
— Il me manque trois voix, Ricardo ! tout me manque !
Oh ! je donnerais Gand, Tolède et Salamanque,
Mon ami Ricardo, trois villes à leur choix,